La gauche en Italie et en France: articles pour débattre

Publié le par Presence Sud Europe

Le PD au miroir de la gauche européenne

 

Marc Lazar

 

            La crise que le PD traverse est à la fois spécifique à ce parti et comparable à celle qui secoue la plupart des partis de la gauche européenne. La spécificité provient du caractère atypique de ce parti. Palmiro Togliatti expliquait que le PCI ressemblait à une girafe, un animal inclassable : une appréciation qui s’avère aujourd’hui, à la lumière de la consultation des archives, infondée tant le PCI présentait, certes, une indéniable originalité mais également des traits identiques à ceux des autres partis communistes du fait de ses « liens de fer » avec l’URSS. En revanche, l’image de la girafe s’applique bien au PD. Né de la fusion des DS et de la Marguerite, il est caractérisé par un flou général de son identité, de ses propositions, de sa stratégie ou encore de son mode d’organisation. Le débat sur son affiliation ou non au Parti socialiste européen cristallise tous ses dilemmes. Pire, le PD est désormais atteint par les enquêtes judiciaires contre un certain nombre de ses élus locaux et régionaux qui, jusqu’ici, constituaient l’un de ses atouts. Son image se ternit, sa popularité s’effondre et ses divisions s’accentuent. Le PD est né avec de grandes ambitions italo-italiennes : agréger solidement gauche et forces modérées, simplifier la vie politique, répondre au malaise démocratique. Mais il prétendait également, avec raison, incarner un parti neuf et original susceptible de servir de modèle à la gauche européenne pour sortir de son marasme. Or les difficultés du PD sont très semblables à celles que doivent relever les autres partis de la gauche réformiste. Cinq d’entre elles, parmi de nombreuses autres, méritent d’être mentionnées.

            La gauche européenne voit se réduire son assise électorale aux personnels du secteur public, aux habitants des grandes villes disposant d’un haut niveau d’instruction, aux gens âgés de plus de 50 ans qui se sont politisés dans les années 60-70, et, dans les pays catholiques, aux personnes ne fréquentant pas ou guère la messe. La gauche a perdu une grande partie des classes populaires, n’arrive pas à attirer les populations de plus en plus nombreuses vivant dans la précarité, les jeunes non diplômés et les personnes âgées dont le poids se fait sentir de manière grandissante dans nos sociétés vieillissantes. Autant d’électeurs qui s’abstiennent, votent pour des partis extrémistes de droite comme de gauche (ce ne fut toutefois pas le cas en Italie en 2008) ou choisissent la droite.

            La gauche a le plus grand mal à analyser les transformations en cours dans nos sociétés sous l’effet de la globalisation et de l’européanisation. Elle n’ignore pas l’individualisation généralisée, la précarisation du salariat, le fort taux de chômage ou encore la croissance de nouvelles activités professionnelles. Mais elle les appréhende le plus souvent avec les catégories issues du passé ou en fonction de résidus idéologiques alors qu’il s’agit avant tout, comme l’expliquait récemment en France le sociologue Pierre Rosanvallon, de saisir les situations sans cesse plus changeantes dans lesquelles se retrouvent les gens au cours de leurs vies (une activité professionnelle, puis une période de chômage, une nouvelle formation, un autre travail etc.) et les inquiétudes qui les hantent (leurs peurs face à l’autre, la hantise du déclassement social, les sentiments d’insécurité). 

            La gauche est en panne d’un grand projet mobilisateur. Elle revendique haut et fort son réformisme, critiqué violemment par les gauches radicales dans nombre de pays, en Allemagne et en France notamment où elles sont en nette progression. Mais désormais son contenu est vide. Parce que la grande entreprise de rénovation « social-libérale » incarnée par le Labour de Tony Blair et le SPD de Gerhard Schröder s’est épuisée. Parce que l’actuelle crise financière et économique en a montré les limites. Parce qu’enfin la gauche européenne ne s’avère pas capable d’entreprendre ce qu’a réussi, dans un contexte très particulier, Barak Obama : faire vibrer ses auditoires, proposer un grand dessein, afficher son volontarisme politique, convaincre les électeurs qu’ils peuvent jouer un rôle dans le changement qui s’annonce.

            La gauche, surtout en France et en Italie, se montre incapable de comprendre et de critiquer son principal concurrent de droite. Les exemples de Nicolas Sarkozy et de Silvio Berlusconi, deux hommes qui présentent des traits communs et des différences, sont à cet égard emblématiques. La gauche française et le PD ont oscillé auparavant et parfois encore de nos jours entre deux attitudes opposées. Soit, ils tendent à l’ériger en un superman tout puissant et dangereux. Soit, ils le sous-estiment, pensant qu’il ne s’agit que d’un feu de paille : encore, récemment, la gauche en France et en Italie a cru que la crise financière la favoriserait parce qu’elle démontrerait le bien-fondé de ses analyses du capitalisme et de ses propositions. Or, pour le moment, cette crise profite politiquement aux responsables en place. Le PS français et le PD italien devraient se décider à comprendre la force réelle de Sarkozy et de Berlusconi et la profondeur sociale et culturelle du sarkozysme et du berlusconisme.

            Enfin, last but not least, toujours en France et en Italie, la gauche se doit de résoudre la question du leader et du leadership qui exacerbe les polémiques dans ses rangs. Dans ces deux pays, la gauche se lamente de ne pas avoir de grand leader qu’elle cherche désespérément. Mais son sport favori consiste à entraver son éclosion. On le constate avec les deux dirigeants apparus dans des conditions différentes et disposant chacun de caractéristiques propres, Ségolène Royal et Walter Veltroni. A gauche, l’émergence d’un leader se heurte à la conception largement diffusée de l’autorité des égaux et à la concurrence exacerbée des égos. Pour le plus grand profit de la droite où le leader est non seulement attendu mais plébiscité. La gauche devra une bonne fois pour toutes accepter le principe de la personnalisation et de la présidentialisation de nos démocraties et se rappeler également qu’un vrai leader est celui qui fait preuve d’audace et sait bousculer ses propres troupes comme ses certitudes les plus ancrées. 

 

La situazione del Partito Socialista francese dopo il Congresso di Reims*

Martine Aubry è stata designata quale Primo Segretario del PS francese dai militanti con una lunga procedura un po' antiquata nel novembre scorso. Gli organi direttivi del Partito sono stati rinnovati a tutti i livelli: di sezione, federazione, nazionale, rispettando il più possibile la parità uomo-donna. Dopo una lunga semi-paralisi, fin da gennaio Martine Aubry si è affermata con una nuova leadership, determinata a rimettere in sella il PS come unico grande partito d'opposizione alla maggioranza di Sarkozy. Tre obiettivi essenziali sono da subito all'ordine del giorno. Al termine del Congresso è riuscita a compattare l'ala sinistra del partito intorno a sè, ora le occorre dialogare con la parte che fa capo a Ségolène Royal al fine di riunificare tutto il partito; non ci possono essere vincitori in questa battaglia delle rose ed il fatto che M.A. si sia già dichiarata non candidabile per le presidenziali lascia supporre che Ségolène non giochi più come cavaliere solitario. In effetti all'interno del Partito il suo posto è pienamente legittimato. Il secondo punto, che si è concretizzato in questi ultimi giorni, concerne il modo di fare opposizione al Governo: si tratta infatti di attuare non solo un’opposizione “frontale”, estremamente dura, ad esempio boicottando con continuità i lavori dell'Assemblea nazionale, sino a far risuonare le note della Marsigliese nell'emiciclo, ma anche un'opposizione costruttiva, proponendo un “contropiano” di rilancio, ben più solido e credibile, agli occhi sia degli economisti che dell'intera società, rispetto alle azioni inefficaci intraprese dal Governo per fronteggiare una crisi di estrema gravità. Il sostegno incondizionato alla recente giornata di mobilitazione generale sindacale è la prova che esiste finalmente una strategia a 360° del PS, con il proposito di “denunciare, proporre ed agire”: azioni finalizzate a favorire il rientro nei ranghi del Partito di quei militanti che avevano optato per i partiti dell'estrema sinistra, a fronte del quasi-immobilismo del PS. Il terzo punto dell’agenda, e non dei minori, consiste nel concordare con il PSE le iniziative da adottare nella campagna delle prossime elezioni europee. Il Manifesto di Madrid è stato sottoscritto ed adottato dai partiti confratelli dei 27 Paesi dell'UE. La sola direzione da seguire è di attuare ognuno dei punti di questo programma, che rappresenta la risposta logica al disastro sociale conseguente a questa crisi mondiale, a cui il tandem Berlusconi-Sarkozy ha largamente contribuito.

*di René Maret, per le sezioni del Psf in Italia.

 

Martine Aubry a été désignée comme Première secrétaire du Parti Socialiste français par les militants suite à une longue procédure quelque peu archaïque à l'issue du Congrès de Reims de novembre dernier. Toutes les instances de direction du Parti ont été renouvelées à tous les échelons, section, fédération et nationale, en respectant le plus possible la parité homme femme.

Après la longue période de semi-paralysie, dès le mois de janvier Martine Aubry s'est déjà affirmée comme la nouvelle leadership déterminée à remettre en selle le PS comme unique grand parti d'opposition face à la majorité de Sarkozy. Trois tâches essentielles sont dans l'immédiat à l'ordre du jour de son programme.

A l'issue du Congrès elle a réussi à réunir toute l'aile gauche du parti autour d'elle, maintenant il lui faut rassembler tout le parti c'est à dire convaincre Ségolène Royal et ses militants. Il ne peut y avoir de vainqueur dans cette bataille des Roses et le fait que M.A . s'est déjà déclarée non présidentiable laisse supposer que Ségolène ne jouera plus en cavalier solitaire. Elle a toute sa place au sein du Parti.

Le second point  dont l’action s'est engagée ces jours-ci est le mode de faire opposition au gouvernement, non seulement c’est une  «  opposition frontale « , extremement dure, par exemple en boycottant à répétition les travaux de l’Assemblée nationale jusqu’à faire vibrer la Marseillaise dans l’hémicycle mais c'est également une opposition constructive en proposant un contre plan de relance bien plus solide et plus crédible aux yeux  des économistes et de la société toute entière  que les actions inadaptées du gouvernement face à l’ extreme gravité  de la crise. Son soutien inconditionnel à la récente journée de mobilisation générale syndicale est la preuve  qu’il y a enfin une stratégie tous azimuts au sein du PS dont la devise est «  dénoncer,  proposer et agir   actions dont le but est de favoriser le retour dans les rangs du Parti des militants qui avaient préférer les partis  de l’ extreme gauche  en raison du quasi- immobilisme du Parti Socialiste.

 Le troisième point inscrit dans son agenda,  et non des moindres, est de déterminer  et de concorder avec le PSE les initiatives que doit prendre le PS pour la campagne des prochaines élections européennes qui se tiendront début juin. Le Manifesto de Madrid a été  signé et adopté par les partis frères des 27 pays de l’UE. La seule voie indiquée est celle de concrétiser chaque point de ce programme qui est la réponse logique au désastre social de cette crise mondiale auquel le tandem Berlusconi -  Sarkozy a largement contribué.

Sections du Parti Socialiste Français de Milan et Rome

Publié dans Jumelages

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